Le Mali aura vite fait de remettre les pendules à l'heure. Chris, un hollandais au look "Hell Angels" avec une Yamaha XT 600, et moi avons quitté Bamako le 7 juillet avec l'intention d'aller jusque Tombouctou en 2 ou 3 jours. On choisit la route la plus difficile, coté ouest du Niger, via Segou, Nampala, Lere, Niafounke et Dire: 920 km dont 670 de piste.

La brousse, le désert, du sable, du sable et encore du sable, pendant 5 jours, jusque Tombouctou.

Sinon... des chutes et des crevaisons. Ma première chute, le deuxième jour, après 200 km de piste, fut pour moi à la fois mon baptême de motard et un baptême de l'air. La piste a l'air bonne, 90km/h, le soleil descend, la luminosité tire sa révérence et mes lunettes teintées n'arrangent rien. Et voila LE trou, profond, 2m de large et il traverse la route de part en part. Pas vu, trop tard pour freiner... j'accélère... ce n'est pas passé. La roue avant à tapé sur le bord opposé du trou. La moto et moi avons décrit un joli soleil dans le ciel. Dommage que l'hélico-télévision n'était pas là. La moto s'est contentée d'atterrir 5 ou 6 m plus loin tandis que j'allais me "poser" à plus de 10m. Merde, j'étais sonné. Chris est venu me relever. Je n'osais pas regarder la moto. Pendant quelques secondes j'ai cru que mon voyage s'arrêtait là.

Moi? Mal partout mais rien de cassé. Je me suis pris le guidon dans le ventre et je me suis un peu ouvert le menton, je ne sais trop comment, mais à part ça le casque, les genouillères, gants et autres protections ont fait merveilles.

Encore merci là-haut... merci, merci et merci... et merci aussi pour la leçon! Le petit belge qui croyait que c'était facile, il a eu beaucoup de chance! La moto? Roue avant complètement voilée, jante défoncée, les deux suspensions avant pliées, guidon plié, poignée de frein cassée... mais ça roule! ça roule bizarre mais ça roule... sacrée machine!

Ceci dit moi je n'en peux plus. La nuit tombe. La piste, il faut la deviner. On est accueilli dans un village. Tout le village est autour de nous, des enfants partout, des rires, des cris... Ils acceptent d'aller nous chercher 20 litres d'essence, avec un âne, dans un village voisin a 4km. On a dormi dehors, au milieu des vaches, ânes, et autres moutons qui n'ont pas manqué de nous souhaiter la bienvenue pendant toute la nuit. À 6h du matin, le village se réveille.

On travaille un peu sur les motos et en route pour Tombouctou. Encore 3 jours de piste. C'est dur ... même les fabuleux paysages ont du mal à me soulager.

Enfin Tombouctou! Oui, Tombouctou... et puis quoi? Un petit tour en dromadaire chez les touaregs, un "coiffeur" qui me laisse royalement 3 mm sur le caillou alors que je lui avait dit "pas trop court", 3 nuits chez l'habitant... Mais finalement quand même un peu fier d'être arrivé jusque là à moto.

Le retour vers Bamako fut pas mal non plus. Traversée du Niger en bac. Il s'arrête à plusieurs mètres de la berge: "prendre de la vitesse, traverser l'eau et grimper dans le bac"... j'ai failli voler à la flotte. Ensuite 250 km de piste... et toujours ces foutues ornières de camion dans du sable mou. Je suis crevé. Je chute en moyenne tous les 2 ou 3 km... Marre!

On décide de couper à travers tout, plein sud, à la boussole... et vive l'aventure! Et ça continue... crevaisons, orages, obligés de trouver un endroit pour passer la nuit... quelques touaregs, ils mettront 1 heure pour trouver une poule, dans le noir, pour nous faire à manger.

Arrivés à Sevare, on part visiter le pays Dogon à pied, pendant 4 jours, dans les petits villages. Splendide... une autre histoire. On se payera encore 220 km de piste entre Djenne et Segou... de la boue cette fois... et une bonne fièvre pour corser le tout.

De retour a Bamako, j'ai mis deux jours pour trouver une autre jante pour la roue avant. Comment ils l'ont placée, comment ils ont équilibré la roue, comment ils ont redressé les suspensions... à l'africaine tout simplement. C'est pas génial, mais bon!

Voila pour le Mali. Madame Aventure, je vous salue bien bas.